Boucherville, QC
Fondée en 1667, la pittoresque ville de Boucherville est située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, tout près de la ville de Montréal.
L’église de pierre actuelle a été consacrée en 1802. Hélas, en 1843, un terrible incendie rasa la plupart des bâtiments du vieux village de Boucherville et dépouilla l’église de tout ce qui se trouvait en son enceinte. Heureusement, les épais murs de pierre ont résisté à la dévastation de l’incendie, et des plans ont rapidement été mis en œuvre pour reconstruire l’église à l’intérieur de ses vénérables murs. Louis-Thomas Berlinguet, célèbre architecte québécois de l’époque, fut chargé de ce projet. Dans le cadre de son mandat, Berlinguet conçut le buffet d’orgue actuel, qui est aujourd’hui l'un des meilleurs exemples du genre au Québec. L’église a été classée au registre des monuments historiques en 1964.
En 1847, le facteur d’orgues Samuel Warren installa un nouvel instrument à l’intérieur du buffet Berlinguet, alors neuf. Malheureusement, cet instrument a subi plusieurs réfections au fil des ans, notamment le remplacement de la mécanique d’origine et de ses claviers par une mécanique électrique et une console détachée. L’instrument peu fiable que nous avons découvert n’était rien de plus qu’un assemblage sommaire de pièces de diverses sources et de valeur inégale. Les seules pièces d’origines qui restaient de l'orgue Warren étaient le buffet, un réservoir et deux jeux de tuyaux. Ces deux jeux, un Bourdon 8’ et une Flute 4’, ont été restaurés et intégrés dans notre nouvel orgue, ainsi qu’un Oboe 8’ datant de l’époque des frères Casavant, qui avait été ultérieurement ajouté.
Le nouvel orgue est installé à l’intérieur du magnifique buffet Berlinguet, que nous avons restauré et relocalisé à son emplacement d’origine dans la tribune, rétablissant ainsi la présence de l’orgue dans la salle, tant sur le plan architectural qu’acoustique. En raison de l’âge et de la nature quelque peu fragile des boiseries, aucun contreventement ne relie la charpente du nouvel orgue au buffet.
À ce même buffet est attachée la nouvelle console mécanique. La disposition interne des divisions et de la tuyauterie rappelle la pratique courante de la plupart des facteurs d’orgues de l’époque, avec le Récit derrière, au-dessus du Grand Orgue et de la Pédale.
L’orgue s’acquitte admirablement de son rôle, tout aussi important dans la liturgie que dans les concerts. L’influence de l’esthétique française se discerne nettement, et le devis dévoile bon nombre d’éléments classiques et romantiques, notamment une grande division de Récit de dix jeux, avec entre autres une Viole de Gambe et une Voix Céleste et des anches aux diapasons de 16 et 8 pieds. La palette variée de jeux de fonds et d’anches, fabriqués selon les principes établis par les grands facteurs d’orgues français, est très bien équilibrée dans cet instrument. Une boîte expressive efficace et nuancée, des jeux de principaux et de flûtes aux timbres pleinement développés, jumelés à un environnement acoustique de choix, créent ainsi un mariage tout à fait réussi entre l’instrument et son écrin.